De la science à la fiction

  • La reproduction sans semence masculine : fiction ou transgression d'un tabou ?
     Parmi les diverses techniques désormais bien maîtrisées de fertilisation in vitro, l'injection intra-cytoplasmique d'un spermatozoïde est couramment utilisée en médecine de la reproduction. Effectuée sous un microscope à l'aide d'une pipette extrêmement fine et d'un micro-manipulateur, cette technique consiste à réaliser la fécondation en injectant un spermatozoïde dans un ovocyte.
    Serait-il possible de féconder un ovocyte en lui injectant non pas un spermatozoïde mais le noyau d'un ovocyte prélevé chez une autre femme ? Serait-ce imaginable que les femmes puissent se passer ainsi de spermatozoïdes, autrement dit se passer des hommes et engendrer une humanité exclusivement féminine ?
    Dans l'état actuel des connaissances, la réponse à cette question est pour le moins incertaine.
    Certes l'injection dans un ovocyte d'un noyau d'un autre ovocyte est vraisemblablement possible, même si elle pose quelques défis technologiques. Une telle opération apporterait comme le fait un spermatozoïde, les 23 chromosomes nécessaires à déclencher le développement embryonnaire. Qui plus est, en injectant un noyau d'ovocyte provenant d'une autre femme, ce processus reproduirait celui de la reproduction sexuée en assurant l'apport de gènes garantissant la diversité de l'espèce. Reste cependant à savoir si un tel mode de fécondation enclencherait des mécanismes d'empreinte génomique adéquats et s'il pourrait déclencher la division cellulaire conduisant à la constitution d'un embryon. C'est principalement à ce sujet qu'une telle fécondation ovo-ovocytaire hétérologue vient se perdre dans la fiction. En effet la division cellulaire exige la formation du fuseau qui attire dans les cellules filles les chromosomes répliqués de la cellule mère. Or des éléments indispensables à la constitution et au fonctionnement de ce fuseau, à savoir les centrioles, sont apportés exclusivement par les spermatozoïdes ! Autrement dit, sans spermatozoïdes, pas de centrioles, sans centrioles, pas de division cellulaire, et sans division cellulaire pas d'embryon. Ainsi seule la fiction peut transgresser le tabou.

    • Le virus du Sycomor : chimère ou réalité ?
      Comme pour la reproduction ovo-ovocytaires, un certain nombre de connaissances scientifiques et d'outils technologiques pourrait permettre d'imaginer la création d'un virus artificiellement doté d'un tropisme le rendant mortel exclusivement pour les individus de sexe masculin. Le génie génétique utilisant des techniques de biologie moléculaire est en effet parfaitement à même de modifier le DNA c'est-à-dire le patrimoine génétique déterminant l'action d'un virus ou d'une bactérie. Il est en effet possible d'extraire le  DNA, de le découper en utilisant des enzymes très spécifiques dits de restriction, puis d'en recoller les fragments comme les pièces d'un jeu de Lego, et d'y inclure d'autres pièces c'est-à-dire des gènes codant par exemple pour la production d'une substance capable d'interagir avec un marqueur de la masculinité tel que la testostérone.
      En se basant sur ces prémisses très générales pour imaginer un virus tuant spécifiquement les hommes, il est cependant évident qu'on entre délibérément dans la science-fiction. Pour parvenir à un tel but il faudrait en effet connaître ou créer une substance S qui se lie à la testostérone pour former un complexe capable de détruire les cellules sur lesquelles il se fixe tout en induisant une mort cellulaire produisant des substances mortellement toxiques pour tout l'organisme. De plus il faudrait que le gène codant pour la production de cette substance S soit connu et isolé pour que le génie génétique puisse l'inclure au génome du virus. De tels processus sont inexplorés, et relèvent de la science-fiction.

      • Le chromosome Y d'Eve : songe ou évidence ?
        Imaginer qu'il est possible d'engendrer un homme nouveau en utilisant un chromosome Y obtenu par amputation d'un bras de chromosome porteur de X relève de la fiction et appartient au songe utilisé comme métaphore nourrissant l'imaginaire romanesque.
        Il n'en reste pas moins qu'il est loisible de s'interroger sur l'origine du chromosome Y dont l'avènement aura été nécessaire au cours de l'évolution pour passer de la reproduction non sexuée des organismes unicellulaires à la reproduction sexuée caractérisant des formes de vie plus évoluées.

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